En l’espace d’un an et demi, au moins six journalistes tchadiens ont confié à Reporters sans frontières (RSF) avoir été suivis par des individus en civil ou en tenue militaire, souvent à bord de véhicules sans plaques d’immatriculation. Selon RSF, cette méthode, utilisée par les services de renseignement, vise particulièrement les professionnels traitant de sujets sensibles et contribue à un climat de peur qui fragilise davantage une liberté de la presse déjà précaire au Tchad.
Face à ces alertes, Gotingar Serge Manassé, secrétaire général de l’Union des journalistes tchadiens (UJT), rappelle que son organisation est « au-devant de la lutte » contre le harcèlement, la persécution et les menaces visant les hommes et femmes de médias. « Nous n’attendons pas un rapport pour agir. Nous travaillons chaque jour à défendre le caractère sacré de la vie du journaliste. Depuis plus de deux ans, une proposition de loi sur la protection et la sécurité des journalistes est dans le circuit institutionnel. Nous voulons qu’elle soit adoptée, au même titre que les textes protégeant les défenseurs des droits de l’homme », a-t-il expliqué.
Revenant sur l’histoire de la presse tchadienne, Manassé estime que la liberté conquise depuis les années 1990 demeure irréversible. « On va serrer ou desserrer les lois, mais jamais revenir en arrière. La liberté de presse au Tchad est un acquis », affirme-t-il, tout en reconnaissant les menaces persistantes.
Pour le secrétaire général de l’UJT, la responsabilité de son organisation est claire : « défendre les intérêts moraux et matériels des journalistes, garantir leur droit à chercher et à diffuser l’information ». Mais il insiste sur une condition essentielle : la solidarité. « L’UJT n’existe que parce que les journalistes existent. Si nous ne sommes pas unis, nous restons faibles. Veillons les uns sur les autres, informons nos confrères de nos déplacements, soyons vigilants ».
Et de conclure : « Le téléphone, la caméra ou le micro ne sont pas des armes. Notre seule force, c’est l’UJT. Si nous sommes solidaires, d’une seule voix, on nous respectera ».(TI)
TRIBUNE INFO
Luc Fils de Jacob