Le Général-Major Ousmane Dello Djiro, figure emblématique de la résistance tchadienne, a quitté le Tchad dans un climat de répression politique marqué par l’assassinat de l’opposant Yaya Dillo Djérou, président du Parti Socialiste Sans Frontières (PSF), tué lors d’un assaut militaire en février 2024. Ce drame, perçu comme une exécution extrajudiciaire, a provoqué une onde de choc dans l’opinion publique et précipité l’exil de plusieurs figures de l’opposition.
Installé depuis plus de deux ans à El Fasher, au Darfour, le Général Dello Djiro a trouvé refuge dans une région contrôlée par les Toroboros Zakawa, alliés historiques des islamistes soudanais proches du général Abdel Fattah al-Burhan. Ce choix stratégique, initialement perçu comme une nécessité de survie, a fini par semer le doute au sein de la diaspora tchadienne et des sympathisants de la résistance.
Une alliance jugée problématique
Alors que les Toroboros, affaiblis par les revers militaires infligés par les forces du général Mohamed Hamdan Dagalo (dit « Hemeti ») et la RSF, perdent leur influence, le Général Dello Djiro semble désormais se tourner vers la diaspora pour relancer son combat. Toutefois, son alignement passé avec un camp accusé de crimes de guerre et de collusion avec des mouvements islamistes suscite de vives critiques.
Pour de nombreux Tchadiens, cette alliance constitue une erreur stratégique et morale. Le combat contre un régime autoritaire est légitime, mais s’allier à des groupes islamistes sanctionnés par la communauté internationale compromet la crédibilité de toute lutte pour la démocratie.
Un appel à la réconciliation ?
Face à cette situation, plusieurs voix s’élèvent pour appeler le Général Dello Djiro à reconnaître ses erreurs et demander pardon au peuple tchadien. Ce geste d’humilité pourrait ouvrir la voie à une réconciliation et à une seconde chance, à condition qu’il rompe clairement avec les alliances douteuses du passé.
« La légitimité de la résistance repose sur des principes clairs : justice, souveraineté et refus de toute compromission avec l’extrémisme. »
Ce message s’adresse à l’ensemble des mouvements rebelles tchadiens : la lutte pour un Tchad libre ne peut se faire au prix de l’idéologie ou de l’aveuglement stratégique. Le peuple tchadien, meurtri mais lucide, attend des leaders qu’ils incarnent une vision claire, cohérente et éthique de l’avenir.
À ce titre, il est essentiel de ne pas confondre l’engagement national avec les démarches individuelles. Un chef rebelle qui, dans un passé récent, déclarait haut et fort qu’il se trouvait au Soudan uniquement pour défendre sa communauté, ne peut revenir solliciter l’opposition après que ladite communauté ait subi des revers, sans soulever de sérieuses interrogations.
S’agit-il d’un appel sincère à l’unité nationale ou d’un message opportuniste destiné à rassurer ses alliés affaiblis de Port-Soudan ? Ou pire, une manœuvre politique pour embarrasser son cousin, Mahamat Idriss Déby ?
Ce retour appelle à la vigilance, car l’histoire de la résistance ne se construit pas dans les revirements flous, mais dans la constance et l’honnêteté politique.
Par: la Rédaction de Charilogone
Julie Astongar