Après près de deux années de négociations, le Tchad et la China National Oil & Gas Exploration and Development Company Ltd (CNPCIC) ont signé samedi 21 septembre 2025 à Shanghai un nouvel Accord de Vente de Pétrole Brut (COSA) et un protocole d’accord dit « MoU » engageant cinq parties, deux mécanismes complexes jugés essentiels pour l’approvisionnement énergétique du pays.
Conduite par la ministre du Pétrole, des Mines et de la Géologie, Ndolenodji Alixe Naïmbaye, la délégation tchadienne a finalisé ces textes qui remplaceront les accords arrivés à expiration le 31 décembre 2023. Ils marquent une étape clé dans la coopération énergétique entre le Tchad et la Chine et doivent permettre de sécuriser le fonctionnement de la raffinerie de Djarmaya, près de N’Djamena.
Créée en 2011 dans le cadre d’une joint-venture entre l’État tchadien et la CNPC, la raffinerie de Djarmaya devait initialement traiter 20 000 barils par jour. Mais elle plafonne depuis des années à environ 14 000, à cause de la qualité du brut traité, alors que la consommation nationale de carburant n’a cessé de croître. Le COSA, signé en 2017 puis prorogé à plusieurs reprises, avait pour rôle de garantir l’approvisionnement de cette raffinerie en brut par les deux parties actionnaires. Sa fin en décembre 2023 avait ouvert une longue phase de négociations, avec pour enjeu central l’amélioration du brut fourni afin d’optimiser la capacité de traitement de la raffinerie.
Le Mémorandum des Cinq Parties, qui associe le ministère du Pétrole, la CNPC, Cliveden, la Société des Hydrocarbures du Tchad (SHT) et la raffinerie (SRN), complétait ce dispositif. Il visait non seulement à assurer la livraison de carburant pour les besoins énergétiques, mais aussi à régler des engagements financiers complexes et à encadrer la vente d’électricité excédentaire à la SNE.
Les nouveaux accords, conclus pour une durée de trois ans, « permettront d’améliorer la gouvernance de la raffinerie, de rehausser progressivement sa capacité de traitement et de procéder aux ajustements techniques qui s’imposent », a déclaré Mme Naïmbaye.
En pratique, ils prévoient l’amélioration de la qualité du brut destiné au raffinage, la prise en compte des intérêts commerciaux de la partie chinoise et le maintien d’un approvisionnement régulier en produits raffinés pour le marché domestique. L’électricité produite en surplus par la raffinerie continuera également à être intégrée dans le dispositif actuel de la SNE.
« Cet aboutissement couronne près de 21 mois de discussions intensives et constructives », a souligné la ministre, saluant le rôle des ministères des Finances et du Pétrole, de la SHT, de la raffinerie de N’Djamena (NRC), de l’Autorité de régulation (ARSAT), ainsi que le soutien diplomatique de l’ambassadeur du Tchad en Chine, Abakar Saleh Chahaimi.
Pour les autorités tchadiennes, il s’agit d’une avancée vers la souveraineté énergétique, dans un pays où la demande en carburant et en électricité pèse lourdement sur l’économie. Pour Pékin, partenaire de longue date de N’Djamena dans l’exploitation pétrolière, ces accords renforcent un partenariat stratégique déjà bien ancré et en constante croissance, dans un esprit de bénéfice mutuel.(TI)
TRIBUNE INFO
Luc Fils de Jacob