Malgré les annonces de Budapest, le projet de détachement d’un contingent de militaires hongrois au Tchad est actuellement empêché par la présidence de Mahamat Idriss Déby.
Ce dossier n’avance pas aussi vite que prévu. Annoncé en novembre 2023, le déploiement d’un détachement de 200 soldats hongrois au Tchad ne s’est pas encore concrétisé sur le terrain.
Sollicité par le président tchadien, Mahamat Idriss Déby, Budapest s’était fixé pour objectifs de renforcer les capacités de l’Armée nationale tchadienne (ANT) et d’appuyer la lutte contre le terrorisme au Sahel, en envoyant une mission militaire dans le pays. En filigrane, le régime du président Viktor Orbán espère également endiguer les flux de migration irrégulière vers l’Europe (AI du 17/11/23).
Depuis lors, la présidence tchadienne a mis entre parenthèses les négociations, ce qui empêche pour l’heure le Parlement à N’Djamena de ratifier un accord de statut des forces à l’étranger (status of forces agreement, Sofa). Celui-ci vise à encadrer juridiquement les activités du personnel amené à se déployer dans le pays.
Exercice militaire Flintlock
Sur le plan militaire, une seule initiative conjointe a vu le jour entre les deux partenaires, hors des frontières du Tchad. Courant avril, l’exercice Flintlock, organisé sous les auspices de la US Army, a réuni en Côte d’Ivoire un détachement des armées hongroises et tchadiennes. À cette occasion, des éléments magyars ont encadré une unité tchadienne.
En parallèle, Budapest a commencé à mettre en œuvre un programme de coopération visant à favoriser le développement, notamment dans les secteurs de l’agropastoralisme, de l’eau et de l’alimentaire. En septembre 2024, le gouvernement hongrois a débloqué un prêt de 200 millions d’euros garanti par la Hungarian Export-Import Bank pour financer ces projets, après que le président tchadien s’est rendu en Hongrie pour discuter du dossier sécuritaire bilatéral.
Les autorités hongroises, qui s’appuient sur Máthé László Eduárd en tant qu’envoyé spécial au Sahel, surfent par ailleurs sur le vide occasionné au Tchad par le départ de l’armée française, qui a fini de plier bagage en janvier.
Africa intelligence
Julie Astongar