L’Unoca reste dans la tourmente et son chef, Abdou Abarry, visé par une enquête interne pour de présumés faits d’exploitation sexuelle. Au siège des Nations unies, à New York, les équipes du secrétaire général, António Guterres, cherchent une issue et un remplaçant à la tête de son bureau régional.
Après quelques jours de congé, le chef du Bureau régional des Nations unies pour l’Afrique centrale (Unoca), Abdou Abarry, a regagné son poste à Libreville, le 6 octobre, et s’est entretenu avec des acteurs politiques gabonais dans l’entre-deux-tours des élections législatives, sur fond de tensions politiques. À la stupéfaction de ses équipes. Comme révélé par Africa Intelligence (AI du 10/09/25), le diplomate nigérien, représentant en Afrique centrale d’António Guterres, secrétaire général de l’ONU, est visé par une enquête interne pour de présumés faits « d’exploitation et d’atteintes sexuelles », de même que pour de supposées entraves à l’investigation que mène le Bureau des services de contrôle interne (BSCI).
Si Abdou Abarry n’a pas encore été suspendu ni soumis à des mesures disciplinaires préventives, comme le prévoit le code de conduite de l’organisation internationale, son sort semble scellé. Commencé en 2022, son mandat, renouvelé pour seulement six mois, prendra fin au plus tard en février 2026. Au siège de l’ONU, à New York, la gêne est palpable au sein du secrétariat général, qui n’a pas appliqué la politique dite de « tolérance zéro » et n’apporte pas vraiment la protection de circonstance aux auteurs des signalements à l’origine de l’enquête.
Dans les locaux de l’Unoca, à Libreville, l’activité est ralentie, sinon paralysée, et l’atmosphère de travail est lourde, tandis que la situation financière est préoccupante (AI du 18/07/25). Les accusations visant Abdou Abarry empêchent l’Unoca de mener à bien ses missions de bons offices et d’actions en faveur de la paix et la sécurité, comme le prévoit son mandat.
New York évalue les profils
Durant l’Assemblée générale des Nations unies, ce dossier sensible a été évoqué à mi-voix par certains hauts responsables, dont la Nigériane Amina J. Mohammed, soucieuse du sort réservé à Abdou Abarry, qui l’avait soutenue autrefois. Le chef de l’Unoca a également tenté d’obtenir l’appui du président gabonais, Brice Clotaire Oligui Nguema. Sans grand succès.
Des diplomates de pays membres des Nations unies particulièrement sourcilleux quant à l’application stricte de la politique de « tolérance zéro » s’étonnent de voir l’organisation onusienne traiter ce cas avec si peu de fermeté et de respect du règlement. Pour le secrétaire général de l’ONU, qui n’a visiblement pas été informé comme il se doit de la gravité de la situation, le chef de l’Unoca n’a pas vocation à rester en fonction et devrait être rapidement suspendu ou limogé avant la fin de son mandat.
Pour lui succéder, New York évalue les profils de plusieurs diplomates africains, dont Michel Xavier Biang, représentant de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) auprès des Nations unies, où il a auparavant été représentant permanent du Gabon (2017-2024).
Parmi les noms qui circulent figure aussi celui de l’ancien ministre tchadien des affaires étrangères, Mahamat Saleh Annadif. Celui-ci a été représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel entre 2021 et 2023, une fonction également occupée au Mali en tant que chef de la mission onusienne, la Minusma (2016-2021). Enfin, le profil du diplomate béninois Arnauld Antoine Akodjènou, ancien du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) ayant aussi fait fonction de représentant spécial adjoint de la Minusma, est également regardé de près.
Toutefois, le projet de fusion de l’Unoca avec le bureau de l’envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs (OSESG-GL), le Chinois Huang Xia, établi à Nairobi, est toujours à l’étude au siège des Nations unies. En tout cas, Pékin compte peser de tout son poids pour que son diplomate prenne la tête de ce bureau régional élargi.
Tribune info
Luc Fils de Jacob