Guerre civile au Soudan : qui fournit les armes à Burhane et Hemetti ?
La guerre entre les deux généraux qui se disputent le pouvoir au Soudan depuis avril 2023 a fait plus de 150 000 morts depuis son déclenchement. Malgré l’embargo de l’ONU, les belligérants ne manquent ni d’armes, ni de munitions, ni d’équipements. Décryptage en infographie.
C’est la guerre la plus meurtrière du monde. Depuis son déclenchement, en avril 2023, la guerre civile qui fait rage entre les Forces armées soudanaises (FAS), menées par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les Forces de soutien rapide (FSR), du général Mohamed Hamdan Dagalo – dit Hemetti – a fait plus de 150 000 victimes.
Plus de 11 millions de personnes ont été « jetées sur les routes de l’exode » depuis le début des combats, relève l’Unicef, qui évoque « un pays au bord du gouffre » dans lequel frappe une famine qui plonge 25 millions de personnes, dont 3,7 millions d’enfants de moins de 5 ans, en état de malnutrition sévère. Les armées des deux camps sont soupçonnées de crimes contre l’humanité. Les preuves de tortures et de viols systématiques s’accumulent. Human Rights Watch évoque même un « nettoyage ethnique » commis par les FSR contre les Massalits dans le Darfour occidental.
Malgré les promesses de dialogue émises régulièrement par les deux camps, les combats continuent, et les civils paient le prix lourd de cette guerre qui se livre, pour partie, par frappes aériennes et bombardements d’artillerie. Le 11 septembre, le Conseil de sécurité de l’ONU a renouvelé, pour un an, l’embargo imposé sur les armes au Darfour, en vigueur depuis 2004. Un embargo qui a fait la preuve, depuis sa mise en place, de son inefficacité.
« Des armes et des équipements militaires récemment fabriqués par des pays tels que la Russie, la Chine, la Turquie et les Émirats arabes unis (EAU) sont importés en grandes quantités au Soudan, puis détournés vers le Darfour », constate Amnesty International dans un rapport très documenté sur le sujet, publié en juillet 2024. La cartographie ci-dessous montre les chemins pris par ces armes de contrebande pour converger vers le Soudan, où elles ne cessent d’alimenter le conflit.
« Le conflit au Soudan n’a pas lieu dans le vide, les flammes de la violence sont attisées par l’afflux d’armes au Soudan », a martelé, jeudi 19 septembre devant le Conseil de sécurité, Martha Pobee, sous-secrétaire générale de l’ONU pour l’Afrique, demandant aux États membres de respecter cet embargo si largement bafoué. Elle a également pointé la situation extrêmement inquiétante qui prévaut à El-Fasher, dans le Darfour, soumise à d’intenses bombardements des FSR d’Hemetti. « Des centaines de milliers de civils sont coincés à El-Fasher et font maintenant face à des risques de violence de masse », a-t-elle alerté. De fait, depuis le début du conflit, le nombre de frappes aériennes et de bombardements ne cesse d’augmenter.
Les deux camps ont, de plus en plus, recours à des drones de combat. Qu’il s’agisse de drones civils détournés, comme le DJI Matrice de fabrication chinoise, ou d’engins semi-artisanaux sur lesquels sont montées des munitions serbes ayant transité par les Émirats arabes unis, en passant par le Mohajer-6 iranien – également utilisé par la Russie en Ukraine –, Burhane et Hemetti semblent avoir l’embarras du choix pour doter leurs armées respectives de ces engins dernier cri.
Cette course à l’armement se fait aussi pour les équipements militaires– aussi modernes que coûteux– dont se dotent les combattants des deux camps. Des brouilleurs de drones de fabrication chinoise et des missiles guidés antichars russes font désormais partie de l’arsenal des FSR comme des FAR.
Et dans ce conflit qui voit des puissances étrangères tenter d’asseoir leur influence sur ce flanc stratégique de la mer Rouge – et ses ressources en or -, certains n’hésitent pas à changer de camp au gré de l’évolution des victoires de l’un ou de l’autre.
L’exemple le plus probant ? Tandis que des snipers russes ont un temps formé les FSR, et que Wagner a acheminé des armes via la Centrafrique, toujours pour le compte des hommes de Hemetti, Moscou semble désormais avoir tourné casaque, et miser sur les FAR de Burhane. Lorsque les experts mandatés par l’ONU ont milité pour une extension de l’embargo sur les armes à l’ensemble du Soudan, deux pays membres du Conseil de sécurité s’y sont formellement opposés : la Russie et la Chine.
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