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03.10.2025

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Cameroun – Tchad : Le distributeur de produits pétroliers Tradex Tchad paralysé par un vieux litige.

La filiale tchadienne de la société camerounaise Tradex fondée par la SNH se retrouve à l’arrêt après quinze ans de conflit judiciaire avec les sociétés de courtage Velissa et Losange.

Publié le 03/10/2025 à 4h40 GMT Lecture 3 minutes

Tradex Tchad, la succursale majoritairement détenue par Tradex Cameroun, est au point mort. En septembre, 31 camions-citernes de carburant destinés, entre autres, à N’Djamena ont été saisis au port sec de Toukra et à Moundou, une ville située dans le sud du Tchad, par la justice du pays. Cette mesure fait suite à un litige vieux de plus de quinze ans opposant Tradex Tchad à Velissa et Losange, deux sociétés spécialisées dans le négoce de produits pétroliers.

Ces deux entreprises, dirigées par le Franco-Tchadien, Boukhary Doudou, avaient signé en 2009 des contrats d’apporteur d’affaires avec Tradex Tchad, qui prévoyaient le versement de commissions sur la vente de carburant à la Société des produits pétroliers (SPP Tchad). Ces contreparties financières n’ont toutefois jamais été versées. Le 3 juillet 2025, la Cour suprême de N’Djamena a confirmé le jugement du tribunal de commerce d’octobre 2023, condamnant Tradex Tchad à verser 5,7 milliards de francs CFA (8,7 millions d’euros) à ces sociétés, pour non-paiement des commissions dues, ainsi que dommages et intérêts.

Les tentatives de règlement à l’amiable ont toutes échoué. Les relations entre les deux entreprises de courtage et Tradex Tchad, détenue à 75 % par Tradex Cameroun et à 25 % par la société Prestige Ingénierie Consultance, propriété de deux fonctionnaires tchadiens, se sont progressivement détériorées, débouchant sur des saisies et affectant d’autres acteurs liés à Tradex Tchad, notamment Ecobank. Le 18 août, l’huissier mandaté, Manyedebaye Aser, a tenté une saisie-attribution sur les avoirs de Tradex Tchad dans la filiale tchadienne d’Ecobank, Ecobank Tchad, sans succès.

Non-mise à disposition complète des fonds

Velissa et Losange soupçonnent Tradex Tchad d’avoir voulu échapper à une partie des saisies. Des correspondances, consultées par Africa Intelligence, font état d’une non-mise à disposition complète des fonds par la banque. Dans une mise en demeure adressée à la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) le 1er septembre, Boukhary Doudou indiquait que, le 18 août, le directeur général adjoint d’Ecobank Tchad, Habib Ibn Arabi, lui avait annoncé par téléphone « avoir cantonné 1,2 milliard de francs CFA suite à la saisie pratiquée sur le compte de Tradex Cameroun ».

Dans un courrier daté du 25 août, Habib Ibn Arabi expliquait toutefois à l’huissier Manyedebaye Aser que « le solde disponible sur le compte de Tradex Tchad dans [les] livres [était] de 252 770 852 francs CFA (385 223 euros) », avant de préciser, qu’en date du 17 août, « un transfert via l’application Omni de 506 millions de francs CFA (771 144 euros) a été entrepris par Tradex et exécuté le 19 août, diminuant ainsi le solde créditeur du compte qui est désormais de 770 852 francs CFA (1 175 euros) ». Contactées, les entreprises Tradex Tchad, Velissa et Losange, n’ont pas donné suite aux sollicitations d’Africa Intelligence.

Velissa et Losange ont saisi la Cobac et la Banque des États d’Afrique centrale (BEAC) pour dénoncer ce qu’elles considèrent comme une obstruction à l’application d’une décision judiciaire, demandant l’ouverture d’une enquête et des sanctions disciplinaires. Dans la mise en demeure adressée à la Cobac, le représentant des deux sociétés a averti le directeur général du groupe Ecobank, Jeremy Awori, que certains responsables de la banque ont « de manière manifeste et intentionnelle manipulé les écritures comptables dans le but de faciliter le retrait des fonds pourtant légalement saisis ». Les deux entreprises tchadiennes ont dénoncé notamment « une violation caractérisée d’une décision de justice et un faux en écriture bancaire » et ont annoncé s’engager dans « une procédure judiciaire contre les dirigeants de la filiale concernée ».

Tribune Info avec Africa intelligence

Luc Fils de Jacob

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