En réponse à la mise en place d’une caution de 5 000 à 10 000 dollars américains pour les Maliens désirant obtenir un visa à destination des États-Unis, le gouvernement malien annonce la réciprocité pour les Américains souhaitant se rendre dans le pays.
L’administration Trump avait annoncé la couleur. Début août, le Département d’État américain, en coordination avec le Département du Trésor et le Département de la Sécurité intérieure, présentait un « programme pilote de caution de visa » destiné à « protéger les frontières et à préserver la sécurité nationale américaine ». Pour dissuader notamment les dépassements de séjour des détenteurs de visas, le nouveau mécanisme devait permettre aux agents consulaires de réclamer, dans certains cas, aux demandeurs de visas B-1/B-2, une caution pouvant aller de 5 000 à 10 000 dollars américains. L’application de cette option devait dépendre du profil du demandeur, tout autant que de la perception de son pays d’origine, par le Département d’État. Le Mali a eu la confirmation qu’il était concerné par la nouvelle méthode consulaire étasunienne, à compter du 23 octobre, parmi d’autres pays africains…
Si l’agent consulaire américain est, de façon générique, appelé à tenir compte de « la situation du demandeur au moment de l’entretien », le programme pilote s’applique « à tous les détenteurs de passeports maliens, quel que soit le lieu de dépôt de la demande de visa », que celui-ci soit d’affaires ou de tourisme. Le candidat au séjour doit accepter, via le formulaire I-352 du Département de la Sécurité intérieure, les conditions de la caution « via la plateforme de paiement en ligne du Département du Trésor, Pay.gov ». La réponse d’un régime malien jaloux de sa souveraineté diplomatique ne s’est pas fait attendre…
Unilatéral, illégitime et indigne ?
Dans un communiqué daté de ce samedi, le ministère malien des Affaires étrangères et de la Coopération dénonce une « décision unilatérale » des États-Unis et affirme que cette instauration de cautions « porte atteinte aux dispositions de l’accord relatif au visa de longue durée à entrées multiples » conclu entre les deux pays, accord en vigueur depuis avril 2005.
C’est donc sans surprise que le Mali annonce une mesure de réciprocité à l’encontre des ressortissants américains. Le texte officiel indique que « le Mali prend acte de cette mesure », tout en la déplorant et en instaurant « un programme de visa identique ». Et le ministère malien de rappeler que Bamako a « toujours collaboré avec les États-Unis » dans la lutte contre l’immigration irrégulière, mais ceci « dans le respect du droit et de la dignité humaine ».
Mise à jour possible.
Les Etats-Unis tempèrent la grogne, en soulignant non seulement le fait que le programme est pilote –donc sujet à d’éventuelles modifications rapides–, mais aussi que « le Département d’État peut mettre à jour la liste des pays participants tout au long de la période » concernée.
En dehors des taux élevés de dépassement de séjour aux États-Unis, l’administration Trump entend traquer les « lacunes dans les procédures de contrôle et de vérification », le laxisme en matière d’acquisition de la citoyenneté « par investissement sans exigence de résidence » ou encore toutes « considérations de politique étrangère » inquiétantes pour les autorités américaines. Si les détails de la réciprocité malienne sont limpides – « les mêmes conditions et exigences » – la date d’entrée en vigueur du dispositif n’a pas été annoncée.
Tribune Info
Luc Fils de Jacob